Les insectes sont ses amis

Publié le par Ellie

Quand il était au CP, Damon jouait avec les insectes. Il entrait dans l'univers de la haie, il se téléportait.
Il était feuillage et scolopendre, rameaux et racines, et vent dans les ramures si on va jusque là.
Quand il jouait au loup, il l'était, mais vraiment. C'était lui, LE loup. Avec les doigts convulsés et crispés en crochet, les traits grimaçants, les crocs qui pointaient, quasiment.

Ses parents ont mis encore deux ans à réaliser qu'il devait rencontrer un médecin, pour ça. On ne sait pas, à l'école, on ne nous dit jamais rien, mais il a dû rencontrer un psy.

Pour ses parents, Damon avait juste un problème avec ses doigts, une infirmité des tendons, qui s'appelle la dyspraxie. Ils ont demandé à plusieurs médecins d'être de leur avis, chez certains ils ont même réussi. On a donc alloué à Damon  un ordinateur, à la maison du Handicap. Pas facile déjà d'admettre que son enfant va à la Maison du Handicap (MDPH, nouveau nom, lourd à porter de l'ancienne commission de l'enseignement adapté...), alors mieux vaut que ce soit pour un handicap physique que pour un handicap mental.

Puis, quand même, sotto voce, on a parlé de psychose.
Bon an mal an, Damon a évolué. Mais depuis que son ordi a été remplacé par un pédopsy et une assistante de vie (à temps partiel), il est capable de venir me voir et de me dire :
" Tu sais, la fois où je t'ai dit pour mon frère et le couteau sous mon lit, tu sais, quand je disais que j'allais me faire tuer ce week-end, ce n'était pas vrai. (Damon n'élide pas la marque de la négation, il la prononce avec délectation) Je voulais faire l'intéressant."

Je le savais, Damon, je le savais.


En France, l'autisme n'est pas classé parmi les maladies neurologiques mais dans les maladies mentales. Il y a même des psychanalistes qui prétendent soigner l'autisme par la parole. On croit rêver. Les soins apportés aux autistes en hôpital de jour (hôpital psychiatrique qu'on appelle autrement pour rassurer les heureux parents) sont souvent inopérants, et les structures inadaptées.
On culpablilise toujours les parents d'autistes alors que la pathologie ne résulte en aucun cas de l'éducation reçue...
En Belgique, notamment, des thérapies comportementalistes (méthode
ABA) permettent de faire progresser les enfants autistes, surtout si le diagnostique est fait avant 5 ans.
Ce doit être la médecine française qui est autiste.

Plus d'infos auprès de l'association "Léa pour Samy"

Autre piste à suivre, je vais peut-être lire ce bouquin, je sens que ça va me rappeler des souvenirs, et peut-être des avenirs...

Publié dans Elèves en vrac

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A
A  propos  d 'autisme  et  autres  maux, avez-vous  lu  le  passionnant   " Aïe mes aïeux " de Anne  Ancelin Schutzenberger , et  "Mon corps pour me guérir"  et  " Le décodage biologique des maladies" (plus spécialisés) de Christian Flèche ? nous en parlons dans notre rubrique Nostradamou.
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E
CHhhhttttt ... trop tard maintenant...
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O
Oups... désolé d'avoir parlé "si fort".... ;-)
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O
Sectorisation Psychiatrique Infanto-Juvénile Là clairement... ça fout les boules aux parents, je suis d'accord !
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E
Olivier JL:nous, on l'appelle le SPIJ, tu piges ? ^^Fanette :Je n'ai pas détaillé l'ensemble des manifestations de la maladie, d'autant que cet enfant n'a pas une pathologie sévère. Il ya en effet plusieurs degrés d'autisme, du plus profond à des enfants qui suivent presque normalement l'école, comme Damon, quand leur esprit ne s'évade pas totalement, du moins.
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